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The Pan African Music Magazine
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Zakes Bantwini et l’industrie de la musique spirituelle

Après le succès en 2021 de “Osama”, le producteur sud-africain apparaît dans la vidéo “iMali” aux côtés de Karyendasoul et de Nana Atta. C’est l’occasion parfaite pour revenir sur ses dix ans de carrière, sa spiritualité et la place centrale qu’il occupe dans la scène house locale.

“Je pense que ma musique est très spirituelle. Il n’y a pas de plan. Ça relève de l’inconscient. Ma mère était une guérisseuse, une umthandazi. Elle guérissait les gens avec l’eau et j’ai grandi en faisant la prière avec des gens que je ne connaissais pas. Des étrangers venaient voir ma mère pour qu’elle les aide. Je pense que ma spiritualité s’est développée de cette façon. Je l’évoque notamment au travers de ma musique”. Ce sont les premiers échanges avec Zakes Bantwini au téléphone depuis Johannesbourg. L’homme est probablement au top de sa forme : après sa percée fulgurante en 2010, sa carrière à Sony, ses concerts à l’international et le lancement de plusieurs labels et entreprises, il sort “Osama” en 2021. Un titre qui devient le morceau de l’année le plus diffusé sur les radios sud-africaines. Dans un pays où l’amapiano règne maître sur les ondes, un morceau de house comme “Osama” prouve la chose suivante : “On peut tous coexister !, s’exclame Zakes. On peut écouter différents sons au même moment. Il faut supprimer ces barrières qui séparent les genres et nous recentrer sur ce qui compte vraiment : la musique.”

En effet, Zakes ne s’est jamais inquiété des effets de modes en matière de musique. Depuis ses débuts, le producteur a façonné la house sud-africaine aux côtés de ténors du milieu comme Black Coffee, Heavy K, DJ Euphonik, etc. Son premier album The Good Life, sorti en 2008, avait déjà démontré son appréciation pour les accords lisses, les rythmes accrocheurs et les sons texturés qui sont depuis devenus la marque de fabrique de la dance music locale. “En 2008, la house essayait de se faire une place, il se rappelle. Beaucoup de morceaux de l’époque provenaient de DJs étrangers et de compilations produites à l’international. L’Afrique du Sud commençait tout juste à produire sa propre version de la house. C’est à cette époque qu’on a commencé à apprendre les ficelles du métier. On commençait à percer et un an après, j’étais sur un des plus gros titre de l’année : “Juju” avec Black Coffee !”

Zakes a ensuite sorti “Clap your hand”, un morceau majeur de sa discographie. Puis, vient le tour de “Wasting my Time”, un titre qui franchit les frontières de l’Afrique du Sud. “Je ne suis pas toujours convaincu par ce qui est populaire, mais par ce qui fait sens et qui sonne bien, ajoute-t-il. Si c’est du jazz ou du gqom, vous m’entendrez. La chose me vient aussi très facilement. Je crois que je pense et que je respire la house et la dance music.”

En 2017, après avoir mis sa carrière en stand-by pendant trois ans pour travailler en tant que cadre chez Sony, Zakes a repris la production. C’est après qu’est né Love, Light & Music 2 et Ghetto King, sorti en 2021 avec le single “Osama”. “Je m’inspire de l’endroit où j’ai grandi pour la plupart de la musique que je fais, explique-t-il à propos de son titre principal. C’est de mon vécu de mon expérience à KwaMashu (un township de Durban) que provient ma musique. C’est le véritable reflet d’un homme qui a grandi dans la pauvreté et qui a changé sa vie pour être ce qu’il est aujourd’hui. Je n’aurais jamais pu imaginé que les gens de Lagos, du Bénin, de Ouagadougou ou de Suisse seraient un jour amenés à apprécier la musique de quelqu’un de KwaMashu”.

Ghetto King est sorti via Mayonie Productions, le label de Zakes. L’entreprise a également produit d’autres artistes émergents tels que Karyendasoul et Nana Atta, qu’on retrouve aux côtés de Zakes dans la vidéo “iMali” du dernier EP de Karyendasoul Imizamo. Cet EP s’inscrit dans la continuité de l’héritage de la dance music sud-africaine. En tant que chanteur, producteur, DJ, et propriétaire de label, on serait en droit de s’interroger sur le prochain défi à relever pour Bantwini. La réponse, assez étonnement, réside dans le programme d’apprentissage d’Harvard que l’artiste va suivre à propos de l’industrie du divertissement, de la musique et du sport. “Nous avons beaucoup de musiciens irresponsables qui disent aux gens qu’ils n’ont pas besoin d’éducation pour réussir, regrette-t-il. Mais quand on compare le ratio de gens au chômage par rapport à ceux qui travaillent, on se rend vite compte que la plupart des gens en activité disposent d’une éducation ! Je veux changer les mentalités”

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